Entre musique et cinéma, une longue histoire d'amour

Entre musique et cinéma, une longue histoire d'amour


Infos pratiques :
Adresse:  Cité de la musique, 221 avenue Jean-Jaurès - 75019

Stations :  Porte de Pantin

Horaires d'ouverture: Du 19 mars au 18 août 2013. Du mardi au samedi de midi à 18h et le dimanche de 10h à 18h.
Téléphone:  +33 (0) 1 44 84 44 84




 

A lui seul, le titre de l'exposition qui ouvre mardi 19 mars, à la Cité de la musique, à Paris, "Musique et cinéma : le mariage du siècle ?", pourrait chapeauter toute l'histoire du 7e art. Le rapport entre l'ampleur du sujet et l'espace modeste de ce musée était un défi. Pas étonnant que son commissaire, l'historien et critique de cinéma N. T. Binh, y ait consacré deux ans de sa vie.

 

 

La réponse qu'il y a apportée, à la fois ludique et pédagogique, n'empêchera pas les visiteurs de remettre en question ses choix : pourquoi tel film, tel compositeur, tel courant musical plutôt que tels autres ? "C'est le jeu, assumait-il, amusé, lors de l'accrochage. On me pose ces questions quotidiennement depuis deux ans. Je prends note, mais aujourd'hui je n'ai plus le temps de faire les changements !"

Tels qu'il les a mis en scène, les rapports entre musique et cinéma évoquent ceux d'un vieux couple, avec toutes les modalités possibles : mariage d'amour, de raison, polygamie, divorce, etc. Au fil du parcours, on voit que la musique peut être première (quand un film émane directement d'un album, ou d'une partition préexistante, comme Yellow Submarine, ou Un Américain à Paris), ou réinventer l'œuvre en fin de processus (comme c'est le cas avec les grands duos de cinéastes-compositeurs : David Lean-Maurice Jarre, David Lynch-Angelo Badalamenti, Steven Spielberg-John Williams...).

 

Réalisme et crudité

La musique peut aussi jouer un rôle pendant la fabrication. Elle le faisait déjà à l'époque du muet, quand des orchestres jouaient sur le tournage. Elle continue de le faire dans les films qui mettent en scène la musique par exemple, ou des musiciens...

Une volonté ici de s'adresser au plus grand nombre cantonne la plupart des exemples à Hollywood et à la France, escamotant les histoires singulières. Celle du jazz par exemple, dont Gilles Moüellic explique si bien pourtant, dans le catalogue, le rôle qu'il a eu dans l'avènement de la modernité au cinéma. Celle de la musique électroacoustique à laquelle Philippe Langlois vient de consacrer une somme (Les Cloches d'Atlantis, Ed. MF, 512 p., 26 €). Celle de la comédie musicale...

 

Ce parti pris "grand public" n'est pourtant pas sans vertus. Il a inspiré des dispositifs épatants invitant le visiteur à faire l'expérience de ce que la musique apporte au cinéma. L'un d'eux propose ainsi de comparer deux versions différentes d'un même extrait de film, celle validée par le cinéaste, et l'autre, rejetée. En visionnant, avec et sans musique, la scène de meurtre du Rideau déchiré (1966), film qui marqua la rupture entre Alfred Hitchcock et Bernard Herrmann, on comprend ce que le silence avait de moderne. En renonçant aux cordes de son compositeur, le cinéaste prenait le parti du réalisme et de la crudité, contre un habillage devenu redondant, et déréalisant pour son époque.

 

L'écoute d'un extrait de 2001 : l'odyssée de l'espace accompagné de la musique commandée à Alex North, puis du Beau Danube bleu, de Richard Strauss, pour lequel Stanley Kubrick opta finalement, ouvrant la voie à une nouvelle ère, citationnelle, dans l'usage de la musique au cinéma, est tout aussi éclairante. Et permet d'imaginer un tout autre film, plus poétique, moins pop.

 

Tiré de The Artist, pour lequel Michel Hazanavicius a préféré la musique de Vertigo (d'Herrmann) à celle qu'il avait commandée à Ludovic Bource, le troisième extrait pointe avec malice que la comète de la modernité finit parfois par se mordre la queue.

 

L'exposition propose aussi une salle de mixage, où les visiteurs peuvent recomposer à leur manière la structure sonore de certaines scènes célèbres. Cette approche ludique trouve des échos dans certains des ciné-concerts qui prolongent l'exposition.

 

Via Le Monde (Par Isabelle Regnier)

 


Infos pratiques:

Cité de la musique de Paris

221  avenue Jean-Jaurès - 75019 Paris

Du mardi 19 mars au dimanche 18 août 2013.
Du mardi au samedi de 12h à 18h et le dimanche de 10h à 18h.

Tel : 01 44 84 44 84

Métro: Porte de Pantin (ligne 5)

Tarif: 9€

Tarifs réduits: de 5€ à 7,20€

www.cite-musique.fr

 

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